Des matous et des hommes - Blacksad volume 1 - Quelque part parmi les ombres

Publié le par petite pelote

Blacksad est une série de bandes dessinées que j'avais envie de tester depuis très longtemps. Pensez vous. Du polar, l'Amérique des années d'après-guerre et un héros chat... ça ne pouvait que me plaire. Le dessin magnifique aperçu lors d'un feuilletage furtif était de surcroît des plus tentant. Et hier, après un après-midi délicieusement copinesque, le volume 1 de cette série s'est glissé dans mon sac entre le paquet de cigarettes, une botte d'oignon et un pot de savon contre l'eczéma.

 

La lecture s'est faite hier soir, masque capillaire sur la tête, thé fort justement appelé Pleine Lune, la télé en sourdine. Un bel aller-retour dans une ambiance à la James Ellroy où les personnages ont des têtes de bestioles. Un pur bonheur.

 

John Blacksad est donc un chat. Noir, avec un museau blanc. Il porte l'imperméable du détective privé, fume beaucoup, sort ses griffes quand il est contrarié et plisse les oreilles quand il se bat. C'est un chat et c'est un homme. Il se retrouve confronté au cadavre de son amour de jeunesse, au propre comme au figuré comme il l'admet lui-même. Cette ancienne maîtresse, actrice délicieusement féline, aux oreilles pointues, aux seins ronds et au popotin rebondi, a été assassinée et, au nom de ses souvenirs massacrés autant que pour la minette en elle-même, notre matou fera tout pour lui rendre justice. Des bas-fonds aux hautes sphères, le chat se fera chasseur et y laissera quelques poils au passage.

 

Histoire palpitante dans la pure tradition du polar à la Dashiell Hammett, critique de cette société cruelle où "les gros mangent les petits" (sic), cette BD se dévore comme une sucrerie un peu acide et l'album se referme avec un soupir. Les personnages sont exquis, tous humains en un sens tout en gardant leurs caractéristiques animales. Si j'ai immédiatement craqué sur le héros, j'ai également développé un faible pour le chien-policier au sens strict, le berger allemand Smirnof. Non seulement il a un nom de vodka mais en plus ce n'est pas un flic pourri — écueil dans lequel les auteurs de romans noirs tombent parfois trop facilement — et il expire la fumée de ses cigarettes par la truffe, ce que je trouve savoureux. Les rats sont des fouineurs, les batraciens ont le sang froid et les cochons grassouillets tiennent des cafés. Le choix de tel animal pour incarner tel personnage est fait de façon judicieuse, finaude et les clichés sont utilisés à une très juste mesure.

 

Le seul défaut que je pourrais trouver à cet album est une fin un peu simpliste mais faire tenir une intrigue policière en une cinquantaine de page dessinées est un tour de force donc c'est excusable. Il reste un certain nombre de questions à un certain passage de la fin qui est tout de même très réussie en ce qui concerne l'ambiance.

 

Maintenant, reste à lire les trois albums suivants... j'ai repéré le troisième à la grande librairie en bas de chez moi. Combien vous pariez qu'il finira dans mon sac plutôt tôt que tard ?

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